La société olmèque

La société olmèque est encore mal connue ce qui explique peut-être les divergences d’opinions. Les avis concordent sur un seul point : l’existence d’une période cruciale située entre 1000 et 900 avant J.C., marquée par des changements importants attribuables à plusieurs facteurs : l’introduction de nouvelles techniques agricoles permettant une meilleure alimentation et, par suite, une croissance démographique, l’intensification des échanges commerciaux, une urbanisation importante accompagnée d’une forte stratification sociale, d’une centralisation des pouvoirs politiques, d’une religion institutionnalisée et, de manière générale, d’une spécialisation des activités. Au cours de cette période décisive, on enregistre une intensification des travaux d’architecture et des programmes artistiques. Des sculptures monumentales rythment les centres cérémoniels et en accentuent la majesté. Faut-il déjà parler en termes d’État ou, plus prudemment, d’évolution avec le passage d’une société segmentaire de type clanique à celle étatique ? Le débat reste ouvert. Au niveau de la nature du pouvoir, les auteurs aiment qualifier ce système de "théocratique", mais cette vision est désormais dépassée.

Sur le plan des réalisations intellectuelles, les Olmèques ont forgé, pour la première fois en Méso-Amérique, un système calendaire et scriptural. Ce dernier est composé de centaines de signes. Ce vaste répertoire apparaît tout d’abord sur les terres cuites et, ensuite, sur la pierre. Il est en vigueur de la côte du Golfe jusqu’au versant Pacifique, en passant par le Haut Plateau central du Mexique.
Sur les divers supports, les motifs se déploient tantôt dans un désordre apparent, tantôt selon un dispositif de lignes ou de colonnes. Dans un souci de clarté, nous qualifions le premier type d’organisation de « langage des signes », selon notre propre formule, et le second d’ « écriture ». Qu’il s’agisse d’une configuration fractionnée ou compacte, il existe toujours un sens de lecture, des conventions plastiques et spatiales et une cohérence sémantique.
En somme, on peut affirmer que ces deux systèmes possèdent un degré d’élaboration identique et qu’ils couvrent une pensée extrêmement sophistiquée relevant en priorité du domaine religieux et, dans un moindre degré, du champ sociopolitique.
Nous croyons que la clé de lecture est pictographique et idéographique. Pour l’heure, les preuves de la présence d’un phonogramme, c’est-à-dire d’une composante sonore (de type syllabique), sont extrêmement faibles. Sans exclure a priori l’existence du phonétisme, la prudence s’impose. Par ailleurs, comme l’on ignore la langue parlée par les Olmèques, toute hypothèse phonétique demeure conjecturale.
Pendant longtemps, l’existence d’une écriture chez les Olmèques a été occultée, voire réfutée de manière catégorique. Dans la littérature archéologique, les américanistes se sont intéressés en priorité à l’écriture maya et, de manière ponctuelle, à celles zapotèque et aztèque. En général, les Mayas apparaissent comme les seuls détenteurs d’un système scriptural digne de ce nom. En filigrane, on sous-entend que les Olmèques auraient enfanté un système embryonnaire, sorte de proto-écriture, où les glyphes ne seraient que des ébauches que les Mayas porteront, quelques siècles plus tard, à leur plus haute perfection.
La découverte de ladite "stèle" de Cascajal, près de San Lorenzo sur la côte du Golfe, a sérieusement remis en question cette vision simpliste.

La religion olmèque

Résumons l’état des connaissances relatives aux “divinités” olmèques. Leur nature et leur nombre font l’objet de controverses. Trois courants principaux peuvent être distingués :
  1. les partisans d’un panthéon de dieux, avec en tête David Joralemon. L'auteur nord-américain identifie dix divinités principales au sein de l’univers sacré. Leur nombre est réduit, dans une publication postérieure, à six. Ce panthéon serait régi par une divinité majeure que l’auteur nomme "dragon", composée d’attributs empruntés au caïman, à l’aigle, au jaguar et au serpent.
  2. le courant des partisans d’une religion centrée autour du culte de la Terre Mère et du Jaguar, qu’il soit anthropomorphisé ou non. Le jaguar olmèque est représenté sous forme animale ou semi-animale. Il est généralement associé à la pluie et à l’agriculture. Son pouvoir est ambivalent : créateur et destructeur à la fois. Il s’agit du courant traditionnel qui regroupe la plupart des spécialistes.
  3. le courant des auteurs qui nient le phénomène de la divinisation. Bien que conscients d’une réalité religieuse, ils ne croient pas à l’existence de divinités formalisées. C’est le cas de Pohorilenko qui voit dans l’art olmèque une composition d’éléments nécessitant une lecture, une sorte de communication visuelle à l’aide de signes spécifiques. Ces représentations composées ne dépeignent pas des divinités, mais plutôt des "fétiches" anthropomorphes qui renferment des esprits, des pouvoirs de la nature. Il s’agirait donc, de maîtres invisibles et non pas de dieux.

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